Université Laval – Boisé Lacerte

Boisé Lacerte

Description du projet actuel

Le bureau de projet a choisi de positionner le Pôle d’échanges de l’Université Laval sur l’Avenue de la Médecine et de faire passer l’infrastructure lourde de transport à travers le Boisé Lacerte, un boisé à vocation de conservation. Alors que l’abandon du trambus pouvait mener à une réévaluation de ce pôle d’échanges, les informations que l’on trouve sur le site du bureau de projet ne font aucunement mention d’une alternative au tracé qui fut présenté initialement. Enfin, le site du bureau de projet indique que les informations sont à venir.

 

Schéma illustrant la configuration du Pôle d’échanges de l’Université Laval Source: ÉcoTramQuébec © 2021, adapté de Université Laval © 2021

Configuration du Pôle d’échanges – Détail Source: ÉcoTramQuébec © 2021, adapté de Google Maps © 2021

Problématique

Dans le Boisé Lacerte, on a pu constater qu’un corridor a été clairement balisé à l’aide de rubans oranges. Dans ce corridor, environ 120 à 130 arbres de plus de 10 cm de diamètre (DHP) y ont été marqués d’un point rouge, tandis qu’on y trouve aussi 500 autres arbres de plus petit diamètre, comparables à ceux que la Ville plante sur son territoire.

Le Boisé Lacerte, qui se trouve au coin des boulevards Laurier et Robert-Bourassa, est pourtant un boisé exceptionnel, dont les groupements forestiers rappellent l’ancienne forêt qui couvrait autrefois le plateau de Sainte-Foy. Selon un rapport d’experts, bien connu de l’Université Laval et de la Ville qui s’y réfèrent, ce boisé est qualifié de « remarquable » (Del Degan, 2006). Par sa localisation, ce boisé bien conservé est aussi jugé « très sensible » aux perturbations humaines. C’est pourquoi le rapport Del Degan en recommande la conservation intégrale.

Nombreuses contraintes anthropiques
Lors d’une rencontre en novembre 2021, les représentants de l’Université Laval nous ont confirmé que l’insertion du tramway sur le campus doit tenir compte de nombreuses contraintes anthropiques: tunnels (existants et projetés), conduits, projets immobiliers, réduire la circulation des autobus, circulation anti-horaire des automobiles, sécurité (tramway max. 30 km/h). Le pôle d’échanges pour faire la connexion avec les autobus arrivant du secteur nord est aussi une composante importante de l’implantation du tramway sur le campus. Au terme de la présentation, ils ont fait la démonstration que le tramway ne peut pas traverser le campus sans entraîner la coupe de presque qu’un millier d’arbres. Selon eux, le tracé retenu serait le « moins pire » en termes de coupe d’arbres.

Désavantages pour les autres usagers
Le passage sur le campus représente un détour et un délai pour les autres usagers du tramway: le tramway devrait y faire deux courbes serrées et pour des questions de sécurité, sa vitesse doit être réduite à 30 km/h. Or, un des facteurs d’attractivité du tramway est le gain en temps par rapport aux métrobus actuels.

Désavantages pour le campus
Alors que l’Université elle-même avait dans le passé aménagé le corridor des monts Bisaillon afin d’éviter tout prolongement routier à cet endroit, elle s’apprêterait à les détruire afin de permettre l’insertion d’un mode de transport lourd qui scinderait le campus en deux. Pourtant, d’un point esthétique, ce corridor est l’une des plus belles allées du campus.

Le passage du tramway, aux 4 minutes et dans les deux directions, entrainerait une détérioration du campus et constituerait une entrave majeure à la libre circulation des piétons, des vélos et même des automobiles. Cela rendrait impossible la conversion vers un véritable campus piétonnier.

Des questions sans réponses

Au sortir de notre visite de courtoisie avec le vice-rectorat exécutif, plusieurs questions n’ont pas trouvé réponses : le projet du tramway est-il si vertueux que nous devrions fermer les yeux face à un abattage massif projeté dans un boisé urbain et face à la fragmentation d’un boisé exceptionnel? Comment justifier ce choix tout en défendant l’importance de la forêt urbaine ainsi que le développement durable ? Des alternatives au tracé initial ont-elles été considérées et soumises pour analyse ? Pourquoi l’abandon du trambus n’a-t-il pas mené à l’élaboration d’un tracé alternatif pour préserver le joyau irremplaçable qu’est le Boisé Lacerte ? Enfin, est-il vraiment souhaitable de faire entrer le tramway sur le campus? La réponse, c’est non!

Alternative proposée

À notre avis, il y a mieux à faire que de saccager un boisé irremplaçable, même si c’est sur l’autel du développement durable. À ce propos, rappelons-nous les recommandations du BAPE qui étaient de « conserver le plus d’arbres possible grâce à une conception adaptée de l’emprise ». Rappelons-nous celles de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) qui suggéraient que « l’abandon du trambus devrait mener à une réévaluation du tracé du tramway sur le campus de l’Université Laval afin de réduire son impact négatif sur les arbres isolés et le boisé en bordure du boulevard Laurier ».

ÉcoTramQuébec propose donc de relocaliser le pôle d’échanges en marge du campus à l’entrée aux drapeaux sur le boulevard Laurier. Il nous semble possible d’y aménager un débarcadère pour les autobus arrivant du nord, de maintenir la circulation anti-horaire projetée autour du campus et de compléter la desserte à l’aide d’une navette électrique pour favoriser la mise en place d’un campus vraiment piétonnier et accessible pour tous.

Schéma illustrant la configuration du Pôle Laurier Source: ÉcoTramQuébec © 2021, adapté de Google Maps © 2021

Configuration du Pôle Laurier – Détail Source: ÉcoTramQuébec © 2021, adapté de Google Maps © 2021

Nombreux avantages:

  1. Réduction des coûts et des émissions de GES : Un pôle hors campus permet de soustraire une station. Voilà une économie importante de coûts en termes d’infrastructures et de GES.
  2. Préservation des arbres et conservation d’un boisé patrimonial : Éviter le campus contribue au maintien de la canopée tout en respectant le Plan directeur du patrimoine naturel de l’Université Laval.
  3. Maintien de l’esthétique actuelle et surtout de la vocation piétonnière du campus : L’absence d’un mode de transport lourd à haute fréquence n’entrave plus la circulation à pied, en vélo et favorise l’activité physique. L’ajout d’une navette ouvre la porte à un vrai campus piétonnier.
  4. Meilleure efficacité : Pour les autres usagers, le retrait de deux courbes et de la vitesse réduite imposée constituent une économie de temps importante.
  5. Meilleure visibilité de l’UL sur Laurier : Cette localisation offre la meilleure vitrine pour un édicule promotionnel ou même un futur pavillon sur un terrain déjà réservé.

Pour ces raisons, et parce qu’il faut désormais faire preuve d’imagination en laissant de côté les scénarios de mobilité qui ne s’accordent pas avec le développement durable, le bureau de projet, de concert avec l’Université Laval, doit envisager un pôle d’échanges alternatif.

Ressources spécifiques à ce secteur

Vigilance Arbres Sainte-Foy, Martin Fournier EcoTramQuebec@gmail.com

Conseil de quartier Cité Universitaire, président Mathieu Trépanier ConseilQuartier.Cite-Universitaire@ville.quebec.qc.ca

Documentation pertinente

Del Degan, Massé et associés inc. (2006). Espaces boisés du campus de l’Université Laval, 66 p.