Problématique – Importance des arbres

On considère désormais les arbres en milieu urbain comme faisant partie d’un patrimoine naturel commun qui appartient à la communauté. En effet, les services écologiques, sociaux et esthétiques que nous rend la forêt urbaine présentent un intérêt collectif indéniable, tant pour les citoyen-nes, leurs enfants que pour les gestionnaires des villes. Pourtant, à l’encontre de ces bénéfices bien connus, des abattages récents ont provoqué la désolation chez les citoyen-nes de notre ville qui n’avaient pas été mis au courant de travaux devant transformer à jamais leur environnement et faire reculer notre indice collectif de canopée.

La Ville de Québec s’était donné pour objectif d’accroître son indice de canopée de 3 %, pour atteindre 35 % d’ici 2025. Or, cinq ans après la mise en place de la Vision de l’arbre et malgré les efforts de plantation, le couvert arboré a perdu 1 %, reculant à 31 %. Il paraît donc normal que la principale stratégie d’intervention soit la protection de tous les arbres existants.

Si Québec a un indice de canopée de 31 % (en recul), Montréal 20 % et New York 24 %, il faut savoir que Vancouver et Berlin en ont un de 42 %, Helsinki 49 % et Stockholm 57 %. À eux seuls, les abattages projetés pour réaliser des projets annoncés qui dégraderont la forêt urbaine et les ravages de l’agrile font en sorte que la cible de 35% est déjà hors d’atteinte.

 

Boisé des Chatels, © ABN 2021

Il est aussi nécessaire de revoir l’idée de compensation des arbres abattus par la plantation de petits arbres. D’abord, pour la Ville de Québec, la définition d’un arbre n’est pas la même s’il est planté (comptabilisé par la Ville à partir de 5 cm DHP) ou s’il est abattu (comptabilisé à partir de 10 cm DHP). Il n’y aurait donc aucune compensation réelle par la plantation, car nous sous-estimons le nombre d’arbres abattus alors que nous surestimons l’effet sur la canopée des arbres plantés. Qui plus est, selon l’Association québécoise des médecins pour l’environnement, pour espérer compenser l’apport sanitaire et environnemental d’un bel arbre mature, il faut entre 20 et 50 jeunes arbres.

Nous savons que les arbres et les boisés participent à un réseau d’infrastructures naturelles (IN) qui favorisent la santé publique, offrent d’importants services écologiques ainsi que des services d’utilité publique. Parmi ces services d’utilité publique, dont les plus importants en termes monétaires sont ceux qui sont offerts par les milieux naturels, on compte l’effet de climatisation, la captation des polluants, l’absorption du bruit, la captation des eaux de pluie, la filtration de la nappe phréatique. Qui plus est, ce sont les massifs forestiers comme les boisés urbains qui offrent les meilleurs remparts aux îlots de chaleur urbain, car ces arbres sont mieux protégés que les arbres de plantation et de bordure de rue.

 

Boisé Neilson, © ABN 2021

La valeur monétaire des IN est considérable. À partir de cette notion, on doit revoir notre vision de la forêt urbaine. En effet, si les arbres procurent d’importants services en qualité d’IN, on ne peut les abattre sous prétexte qu’ils sont des « obstacles » aux infrastructures publiques, puisqu’ils jouent le même rôle que ce que l’on cherche à protéger et qui a un coût.

« L’élément important à retenir au-delà de ces gros chiffres, rappelle Jérôme Dupras, c’est qu’à chaque fois qu’on met un dollar dans la forêt urbaine, on en retire entre deux et treize en termes de services publics. Un arbre ne devrait pas être vu comme un coût, mais comme une opportunité économique de rendre des services aux citoyens. »

Boisé Lacerte, © ABN 2021